ils étaient des jumeaux
Si ce n'était pas la naissance, c'était ancré dans leurs palpitants qui battaient à l'unisson. Il ne se passait pas une journée sans que Yani ne cherche des yeux son frère, quémande son attention et son intérêt. Il trouvait toujours moyen d'être dans ses pattes, dusse-t-il être en pleine leçons sur l'histoire de leur pays. Dés qu'il eut trouvé moyen d'utiliser ses jambes - rampant dans le château de tous les côtés - il allait et venait aussi vite qu'il pouvait en hurlant
« 'Cha 'Cha » parce qu'il n'était pas capable de dire plus qu'une partie du prénom adoré. Et dés que son ainé apparaissait, il hurlait de joie, se perdant dans ses jambes quitte à le faire tomber - et riait encore plus fort de le voir les yeux écarquillés.
Il ne prit conscience de son rang et de l'importance de son nom que lorsqu'à six ans il fut mis aussi sur le rang d'un précepteur pour l'écouter parler de l'histoire des siens durant des heures. Il écoutait à peine - ne trouvant rien de parfaitement intéressant à savoir pourquoi son père était sur le trône d'un pays conquis par sa douceur et sa générosité. Il voyait son père comme un homme rude mais bon, joviale et généreux - il en était terrifié sans savoir vraiment pourquoi. Parfois il lui arrivait de prendre un coup sur les doigts, ou un sortilège pour le faire grincer des dents.
« Pourquoi ? » demandait-il alors, avant que le regard outré de son frère ne se pose sur lui.
« Votre frère était distrait. » expliquait-on pour justifier que ce soit Yani qui soit puni plutôt que T'challa. Des vieilles traditions pour apprendre au futur roi à être des souverains justes et altruistes.
« C'est stupide. Tu seras toujours le meilleurs d'entre nous. A défaut d'être le plus beau. » Dit-il un soir qu'ils avaient réussi à faire le mur, voguant dans les ruelles à la recherches de quelques aventures parmi le peuple qui serait bientôt le leur. Et comme ils ne trouvaient rien qui soit plus intéressants qu'eux-mêmes, ils finissaient par se battre avec leur petite baguette d'enfant, la magie allant et venant entre eux naturellement - comme en Afrique les enfants avaient de petites baguettes pour canaliser leur magie, avant que des précepteurs n'apprennent aux deux enfants à faire du feu avec leurs doigts.
ils étaient des fugitifs
Il avait pour habitude de dormir dans le lit de son frère les soirs d'orage, y trouvant la chaleur et l'apaisement qui lui manquait. Durant des années il avait peur de l'orage plus que du reste - avant qu'à treize ans, il soit en face d'un Zouwu qui avait bien failli le dévorer, le coursant sur plusieurs kilomètres avant que T'Challa ne vienne le sauver.
« Réveillez-vous, Jeunes princes » L'urgence de quelques murmures le tirèrent du soleil ce soir-là. Se retrouvant face au visage familier d'une jeune cousine par alliance venue pour quelques temps. Une française dont l'accent avait touché le coeur et l'intérêt du jeune adolescent de douze ans qu'il était. Yani s'était éveillé cependant quand son frère avait bondi hors du lit, demandant ce qu'il se passait.
« Vous devez fuir - tout de suite - avant de n'être tués comme vos parents. » De ce cauchemars ils ne sortirent pas, tous les deux emportés dans les passages secrets et les couloirs cachés qu'ils avaient appris par coeur durant leurs années d'aventures joueuses.
La France était un pays magnifique, bien qu'il y faisait trop froid au goût de Yani. Ils y vécurent, cachés dans une famille qui était l'alliée de leur père. Leur père - le roi d'un pays à présent au moins d'un dictateur. Assassiné, leur mère disparut, les voila qui ne savaient plus que penser d'autres qu'ils étaient fugitifs dans un pays étranger. Fort heureusement, ils savaient plusieurs langues et ont pu rejoindre Beauxbatons pour quelques années d'études.
« Qu'allons-nous faire maintenant T'Challa ? » Comme leur place n'était point caché sous quelques pseudos ridicules que Yani était incapable de retenir - trop loin de leur patrie. Trop loin du trône de son frère.
« Nous regagnons notre trône. » Notre - mais Yani n'y avait jamais prétendu. Il n'entendait pas contredire son frère cependant, et opina simplement avant de le suivre.
Ils quittèrent la France avant d'être diplômé, disparaissant un soir comme ils l'avaient déjà fait. Ils marchèrent sur les chemins, transplanant quand ils le pouvaient - T'Challa était déjà majeur, pouvant faire de la magie sans être inquiété. Mais Yani avait à peine Seize ans, suivant son frère comme son ombre, désireux d'apprendre à le protéger comme il le pouvait. Ils auraient pu continuer longtemps leurs chemins, passant deux années ainsi à voyager sans savoir où ils pouvaient se rendre - trouvant des métiers parmi les moldus, ou les sorciers. Découvrant des créatures et des aventures parfois suicidaires. Jusqu'à ce que par hasard des hommes de leur oncle les retrouvent au milieu des paysages Suisse. Les baguettes levées, des murmures de morts jetés sur les murs, ils se battirent comme deux diables, avant de voir les corps tomber sous leurs sortilèges.
Pour la première fois, ils causèrent la mort. Pour la première fois, ils goûtèrent au pouvoir violent de la magie qui battait dans leurs veines.
ils étaient des rafleurs
Il inspira profondément, laissant le vent faire voler ses boucles brunes. Il entendait les chants des oiseaux, les mouvements de cerfs dans la forêt environnantes, ou encore la présence d'un nifleur à quelques places de lui. Il sourit, sentant les flux de magie aller et venir dans ses veines, lui chauffant les muscles et faisant danser son âme par quelques palpitations. La magie - il devinait les murmures de quelques âmes perdus, des morts encore présents, qui toujours entourés les êtres perdus. Il voulait entendre la voix grave de son père, bien qu'elle lui échappait depuis quelques temps. Il gardait les yeux fermés, se sentant quitter le sol pour ne sentir que la fougueuse magie qui l'entourait.
« Yani ! On va être en retard. » Ouvrant les yeux soudainement, l'esprit éveillé et encore apaisé à la fois, il se redressa pour rejoindre son frère.
Ils avaient finalement rejoint l'Angleterre, se trouvant une maison dans le fond d'une forêt dans le Nord du Pays. Le manoir le plus proche se trouvait près des falaises, et il y vivait des sorciers de sangs purs discrets et trop pompeux pour les remarquer. Ou pour en avoir quelques choses à faire. De ce qu'ils savaient, la maison qu'ils avaient trouvé avait été habité presque dix ans auparavant, pas une famille de chasseurs de créatures. Depuis, elle restait oubliée, et les voila à la faire revivre. Yani l'adorait - il se trouvait une nature environnante qui l'enivrait de sensations, et il ne pouvait s'en lasser. Jamais.
Ils disparaitrons pendant trois jours, rejoignant une bande de rafleurs qu'ils avaient rejoint à leur arrivée dans le pays. Argent facile, c'était aussi l'occasion pour Yani d'apprendre à se battre, à contrôler sa magie, à s'apprendre aussi. Il était doué pour infiltrer les soirées, se faire ami-amie avec les victimes pour les faire regarder ailleurs le temps d'être volées, ou de les attirer pour les kidnapper. Se fichant de ce qu'elles devenaient. Lui était l'abat - sachant que son frère ne le laisserait pas se faire blesser ou tuer. Ils amassaient assez d'argent pour pouvoir payer une armée - ou du moins pour convaincre quelques sorciers puissants de les suivre. Sans doute - sans doute arriveront-ils à gagner leur trône à nouveau.
ils étaient des princes
C'était un coup de génie, une manière de tester leurs capacités. Après des années à devenir des hommes, Yani avait tenté de faire jouer ses capacités à mentir, venant quémander une place au Ministère de la magie. Il parlait plusieurs langues, savait être charmeur et cultivé sur certaines matières : la géopolitique, le droit, les runes. Des choses qu'il avait appris enfant et ne l'avait jamais quitté. Alors il avait été accepté, se trouvant à présent sous les ordres d'Opale Marceau. Il y avait pire sans doute - mais cette place d'assistant aux affaires internationales était une opportunité en or pour garder un oeil sur Eswatini et les faits et gestes de cet oncle cruel. Ils reprendront le trône, un jour. Sans doute.
Il jouait son rôle à la perfection - tenant sa place d'assistant la journée, pour rejoindre les rafleurs la nuit. Il avait repris son nom de Yani près de son employé, ayant depuis longtemps admis que les sorciers anglais se fichaient de la politique d'un pays si éloigné que le siens. Aucun risque que son nom soit reconnu - jusqu'à présent du moins. Et le voila décidé à profiter aussi de sa jeunesse, désireux de plaire et de trouver à son coeur de quoi battre à la chamade. Romantique, toujours se perdant durant des heures dans la méditation, il rêvait aussi d'aventure - pour son coeur esseulé, habitué simplement par son frère. Il voulait vivre d'amour, connaitre de beaux sentiments pour se sentir moins seul. Car la solitude était une tentatrice mélancolique, et s'il avait T'Challa il osait espérer pour eux deux de trouver un jour une princesse pour partager ce trône.